Entre les gouttes, la joie de toréer (Plaisance du Gers - NSP - Erales de Turquay et Malaga)

Prenez la jeunesse, un Français, deux Espagnols, 3 erales de Turquay et 3 autres de Malaga. Ajoutez-y André Cabannes, le vicois, sans doute pas encore remis de la corrida concours désastreuse du 10 juillet. Ajoutez-y de l'eau, un peu, beaucoup. Agitez avec la force des organisateurs qui ne voulaient rien renier.

Presque 3 heures plus tard, vous obteniez une Résurrection !

Plaisance du Gers, aux bords de l'Arros et ses arènes, petites, jolies, simples comme une féria de village. Une des rares arènes que nous n'avions pas encore découverte. On a commencé sous le crachin qui englobait le Gers depuis le matin, on est passé par la vraie douche, puis la presque douceur estivale (presque...).

Manu TURQUAY faisait un peu la grimace en sortant, et l'on se demande bien pourquoi. Les ganaderos sont comme les prêtres, jamais satisfaits de leurs ouailles. Et ne perçoivent pas toujours que leur sermon a été écouté, scruté, et a revivifié la foule des perdus et des désabusés.

Puissance des Ecritures Saintes.

Mercredi, les 3 erales de Turquay, et les 3 de Malaga (bien que ce soit "encore du Domecq ces 3 là", comme me disait agacée une voisine de gradins) ont simplement offert ce qu'ils pouvaient. La fougue de erales, la mobilité des jeunes, les regards fixes, et des cornes que, même ailleurs, on avait pas toujours vues.

Nino JULIAN à la cape, roulade dans la sciure

6 erales tous intéressants, résistants à la sciure que l'on avait jetée en masse sur une piste détrempée, tapant des cornes et rappelant leur état de toro. Et face à eux, 3 jeunes apprentis toreros. Frêles, parfois brouillons, souvent volontaires et ne lâchant rien ou presque. Un Français, Nino JULIAN, qui ne m'a pas fait beaucoup d'effet. Et deux Espagnols, Ismael MARTIN et Marcos LINARES.

réception d'un Turquay à la cape par MARTIN

LINARES, j'aurais pu en être jaloux, tellement il a plongé ses yeux dans ceux de ma femme quand celle-ci lui a lancé la rose de vuelta. Mais LINARES la méritait (la rose).

On a applaudi à l'arrastre plusieurs de ces erales qui avaient plus que dignement combattu. Les mises à mort furent un brin longues parfois, mais les toros ne lâchaient rien. Bouche fermée ils étaient entrés, bouche fermée ils repartiraient.

A Plaisance hier, on eu quelques banderilles loupées. A son deuxième toro, Nino JULIAN ne voulait pas y aller. Le public lui aura imposé la pose. Il ne sentait pas son deuxième toro, il eu du mal. Mais il le fit.

MARTIN a lui aussi montré sa volonté de faire et si possible de bien faire. 1 trophée mérité, un toro de vuelta. Et la jeunesse vibrante de vouloir vivre sa passion.

Hier, 14 juillet, c'est aussi nous, les aficionados qui avons vibré. Quelques frissons sous la pluie battante mais qui n'a pas duré auront été vite remplacés par la simple et joyeuse sensation de retrouver notre raison de vivre. Oubliés les 6 fantômes vicois du 10 juillet. Oubliées les trop aisées faenas de certaines stars. André Cabannes présidait une belle course ! Il devait revivre, lui aussi.

Manu Turquay grimaçait un peu et pourtant ses erales nous ont plu. Un peu de rudesse sans laquelle un toro ne serait qu'un dindon.

Et pendant que j'observais un autre éleveur, Jean-Louis DARRE derrière le burladero, l'un de ses congénères envoyait El Adoureno à l'hôpital, depuis le sable d'Orthez. Jean-Louis a-t-il lui aussi pensé que son toro était trop dur (il sortait en remplacement d'un exemplaire de VALDEFRESNO qui s'était cassé une corne) ?

A Plaisance hier, comme à Castelnau ou Roquefort, les toros demeurent vrais. Natures et abruptes, mais chargeant et ne cédant rien.

Et sous la pluie plus ou moins fine qui nous aura abreuvés jusqu'à plus soif, nous avons simplement retrouvé la raison d'aller aux arènes.

Comme d'autres vont à la Messe.

Puissance des Toros Bravos.