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Toros et toreros

comptes-rendus personnels de mes corridas (et novilladas)

Roquefort s'offrit à Léopold (Novillada La Quinta, 15 août 2021)

Dimanche 15 août, 15h30. L'équipage filait sous un ciel mitigé. La Noblesse de France nous avait confié l'un de ses rejetons. Léopold. 

A bord pour l'escorter, le Béarn, l'Orléanais et la Guyenne avaient fourni leurs meilleurs atouts. On ne badine pas sur la sécurité d'un jeune ado de la Couronne. 

Léopold quittait Le Houga et ses courses landaises. Direction la Monumentale des Pins qui fête cette année ses 70 ans. Les novillos de La Quinta étaient de retour après la mémorable course du 15 août d'avant Covid. 2 ans à attendre. 

Les La Quinta sont comme l'Humanité, divers et variés. Surprenant parfois. Mais rarement hésitants. Encore faut-il des toreros en face... 

Aux 2 premiers toros, Léopold a du penser qu'une Couronne ne se conquiert pas d'un claquement de doigts. On se disait, nous, que le pauvre allait voir ce qu'on peut craindre de pire sur le sable des arènes quand toros sont ardus, et toreros faiblards. Les deux premiers passés, on essaya de rassurer le jeune prince Léopold. Lui dire qu'une course de toros ce sont 6 rencontres. Qu'on ne peut jamais être sûr de rien, mais pas non plus s'attendre à une Berezina. Qu'à Maastricht même, Louis XIV vainquit mais y perdit D'Artagnan, et qu'en partant chasser un peu trop prestement, un Roi de France se tua d'un coup de front à une porte du château d'Amboise. A Roquefort comme à Séville et jusqu'au bout du monde des Andes sud américaines, tout là-bas vers Quito, tout est toujours possible. 

Allez savoir si la Sainte Vierge nous a, en ce 15 août, entendus... 

Le troisième lança tout. Et face à lui, un Yon Lamothe qui, annoncé au cartel, ne nous avait pas fait beaucoup espérer. 

Yon Lamothe, vu à Aignan, ailleurs et trop souvent à notre goût, nous ennuyait, habituellement. Il a, ce 15 août, montré en deux toros, que le pire n'est jamais certain. Qu'une escouade bien lancée, à force de volonté et de pugnacité peut mettre en déroute les plus grandes armées. Gergovie a bien existé.

Au quatrième pourtant, rebelote. Alors on a sorti les bouchées doubles, à ce jeune ado qui découvrait toros et toreros. On est allé chercher dans les profondeurs des plus anciennes mythologies taurines. "No hay quinto malo", il n'y a jamais de mauvais 5ème toro. Entre nous, après plus de trente ans d'arènes, de sueur et de cornes, ce vieil adage trouve souvent sens. Mais souvent n'est pas toujours.

Le 5ème est arrivé. Et l'adage s'est confirmé. Un superbe 5ème, charpenté et lourd comme on en voit peu en novillada (sauf à Roquefort). On respirait, en se disant que tout n'avait pas été vu. Léopold, qui fait montre de beaucoup de sang froid et d'observation, allait nous montrer aussi un sens de l'écoute certain. On était là, sur les gradins, à savourer le 5ème de l'après-midi, et le regard pétillant aux yeux trempés de contentement s'est tourné vers nous, "il n'y a jamais de 5ème mauvais" a lancé Léopold. Bluffant. Il avait tout écouté de ce qu'on lui avait dit, mémorisé, intégré, il en sortait l'analyse en temps voulu. 

5ème novillo de LA QUINTA

Et comme si la Monumentale avait entendu son Petit Prince du jour, la course s'est envolée, envolée, jusqu'au carillon de 20h00. La grande porte, la sortie a hombros pour Yon Lamothe qui, au 6ème toro a fait voler les dernières hésitations. Les La Quinta avaient été au rendez-vous, et le jeune torero landais dont on attendait pas grand chose, nous avait bluffés. 

Yon Lamothe et le 6ème novillo de la tarde

Léopold aura ainsi tout vu de sa première corrida. Des piques honteuses, des picadors brillants, des chevaux fauchés par les cornes, des toros et des hommes capable du pire comme du meilleur.

On a quitté Roquefort satisfait de tout cela. 

Le Petit Prince ne nous a pas demandé de lui dessiner un toro.

Il en avait vu 6, tous beaux et passionnants. 

 

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