9 Juin 2019
1 an qu'on attendait le miracle, encore sous le choc d'une féria vicoise 2018 désastreuse.
365 jours. Des lunes et des saisons passées, et voila qu'hier, sous un soleil rédempteur, les toros sont revenus. Pas n'importe lesquels, les Cebada Gago, faits de cornes, de vraies, de robes dignes d'un mariage princier. Comme pour marquer cet instant, le fer réputé avait amené un toro presque tout blanc...les anges nous avaient rejoints.
La vie est faite de cris, de larmes, et parfois de silences plus forts que tout. Rien ne vaut plus qu'un regard qui vous saisit, une douce caresse à faire frémir une peau transie, presque figée. La corrida a parfois l'air des amours naissantes, des âges où l'on ose pas encore...finalement les plus beaux.
Hier à Vic, on a coupé bruyamment 2 oreilles. Toutes pour Thomas DUFAU. On a sifflé aussi, quelques mauvaises piques, et aussi les oreilles. Après son succès nîmois, le natif des Landes a su sortir a hombros. Dont acte.
Hier à Vic, on a surtout vu, par deux fois, des milliers de mains scandant un hymne à la dignité combattante et amoureuse. Des milliers d'aficionados exigeant le retour en piste d'Octavio CHACON après avoir salué ses deux toros. Sans trophée, mais à quoi bon ? Une douce caresse sous le soleil vaut parfois mieux qu'un baiser fougueux.
Hier à Vic, Octavio CHACON a dû revenir en piste. Salué par des arènes à l'unisson, des applaudissements résonnant avec la joie retenue du premier regard complice échangé, avec la douceur qu'imposent l'adolescence et la virginité. Octavio a confirmé hier. Confirmé qu'en digne combattant, il n'abandonne pas un fort, même encerclé de cornes. Confirmé que sans lui, Vic ne serait pas vraiment Vic.
CHACON nous a rappelé qu'une caresse, un regard, même non conclus demeurent gravés. Octavio a combattu à sa manière. Certains la trouvent parfois agitée, trompeuse. Hier, en tout cas, comme à Aignan l'an dernier, le gladiateur a montré que derrière l'armure, le coeur vibre. Plein de fougue et de faiblesse humaine.
Comme une caresse furtive emplie de pureté, Octavio a dessiné une danse parfois brouillonne. Mais que ne le sont-ils pas les premiers baisers ?
Alors CHACON a dû revenir en piste, et par deux fois. Et sans contestation aucune. Entendre les mains, voir des milliers d'autres le saluant. Comme si l'on en voulait encore. Comme deux amoureux qui ne veulent pas se quitter malgré la nuit tombante, pour continuer à vivre ces instants magiques.
Raconte nous, Octavio, qu'on puisse...
Corrida de CEBADA GAGO pour:
-Octavio CHACON, ovation exigée unanimement par l'arène et ovation exigée unanimement par l'arène
-Ruben PINAR, sifflets et sifflets
-Thomas DUFAU, oreille contestée, oreille
Présidence du très exigeant Marc AMESTOY.
Très bon lot de toros, armés, forts et exigeants.