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Toros et toreros

comptes-rendus personnels de mes corridas (et novilladas)

3 heures, 3 jours... (Corrida de PEDRAZA DE YELTES/ Corrida de clôture Vic 2019, lundi de Pentecôte)

Ce fut comme un premier rendez-vous, à une terrasse de café ou au cinéma, prenez le lieu qui vous siéra. Apportez juste quelques souvenirs d'un lointain passé, le vôtre, le plus intime, celui du temps où la vie s'ouvrait à vous, où chaque instant semblait figé, immobile, où les yeux de l'autre vous semblaient si profonds que vous vouliez vous y jeter à corps perdu. Peu importait le reste.

3 heures et quelques pour cette corrida de clôture, tout cela le valait bien !

Revoir LUQUE et se souvenir... se rappeler un après-midi au Plumaçon, en 2013. 6 années c'est peu et beaucoup. LUQUE paradait alors à Mont de Marsan avec les "stars", parmi elles. Le Roi PONCE, MANZANARES fils. Ce fut sublime, magique. Comme une chevelure parfumée, un regard scintillant au premier rendez-vous.

Daniel LUQUE court désormais les contrats même à Vic. Hier soir, nous avons revu un peu d'antan, de la gloire passée, des larmes de résurrection. Avec en prime, des toros aux cornes à faire pâlir Athena. LUQUE est sorti a hombros, lauriers de gloire pour 2 oreilles décrochées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les PEDRAZA DE YELTES nous avaient semblé plus "petits" après les aurochs néandertaliens sortis l'an dernier à Vic. Mais les visites aux corrales peuvent tromper. A l'exception du 6ème, nous avons eu droit à une cavalerie charpentée, à des cornes, à de la bravoure à renverser 3 régiments de Hussards.

On renvoya le 5ème, soit. Mais la réserve assura ! César lui même conquit la Gaule avec ses auxiliaires germains.

Juan DEL ALAMO a bien failli nous rappeler le garçon de café qui vient prendre la commande pile au moment où l'on s'apprête à prononcer les premiers mots à la fille qui nous accompagne. Celui qui vous replonge dans la fébrilité des premiers échanges. DEL ALAMO peut se retirer des ruedos. Il ne le fera pas, mais ce serait rendre service à tous les amoureux, sur les gradins, sur les terrasses des cafés. Et ailleurs.

Quant à PACHECO, sorti de derrière les fagots en dernière minute, pour cause de grave blessure, la veille à Madrid, de ROMAN, il n'a pas à rougir. Rougir est à garder pour les premiers mots doux d'antan, le premier regard. Miguel Angel a toréé comme on a posé sa main, la toute première fois, sur celle de l'élue. Dans un frémissement juvénile et osé. Quand on ose à peine alors qu'on peut tout perdre à tout instant, et qu'on le sait.

Avoir vaincu, la veille, les DOLORES AGUIRRE tous droits sortis des Enfers, valait bien un peu plus de douceur avec les PEDRAZA.

PACHECO a frôlé le triomphe. Mais les PEDRAZA ne se contentent pas d'une épée et de quelques secondes pour se rendre à Dieu. Encore moins aux Hommes.

Savoir tuer le toro c'est aussi maitriser le Temps et libérer l'animal de ses derniers soupirs avant qu'il n'expire de lui même. Les toros, surtout ceux-là, méritaient qu'on les délivre, qu'on leur ouvre nous même la porte du Paradis sans qu'ils n'aient à la quémander.

Comme nous délivre le sourire de l'élue qui nous ouvre l'horizon tant espéré.

La nuit tombait doucement sur la Gascogne après ces 3 heures d'une corrida de clôture qui sembla tenir 3 jours. Trois jours d'une féria vicoise brillante, complète, pleine de fougue, de peurs et de frémissements.

Le Temps s'est arrêté à cette Pentecôte 2019, comme pour laisser aux amoureux ce qu'il leur fallait pour vivre pleinement ces premiers instants. Les Toros auront fait frémir les gradins comme l'on frémit au premier toucher de la douce peau de l'autre. Le soleil aura réchauffé un sable où l'on se serait volontiers allongés corps contre corps.

3 heures, 3 jours, et tant d'autres à vivre et à revivre !

 

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